Merci à Romain de l’équipe MOTRIS pour ce partage d’informations !
Nous l’avons tous remarqué, les vieux arbres de nos villes disparaissent. Que ce soit pour faire de la place, éviter l’ombrage ou pour des raisons pas toujours très claires, que doit-on en penser ? Est-ce bien de supprimer cette présence végétale de nos villes ? Si chacun est libre de donner son avis, nous vous exposons ici nos arguments.
Pourquoi protéger et planter des arbres ?
Comme nous l’avons constaté en nous promenant, les arbres nous protègent du soleil et des fortes chaleurs d’été, ils nous permettent de profiter de la nature et de l’extérieur. Avec les canicules de plus en plus longues et fréquentes, c’est un avantage certain.
Une rue exposée au soleil où le bus doit surchauffer et une rue ombragée à l’abri des agressions de la canicule.
Les arbres rafraîchissent l’air grâce à l’évapotranspiration, phénomène par lequel l’arbre rejette son excès d’eau par les feuilles. De nombreux malaises (voire des morts) sont ainsi évités. Les arbres sont aussi une protection très efficace contre la pollution, les nuages de particules fines et même le bruit. Rappelons que la pollution atmosphérique provoque entre 20 000 et 40 000 décès par an en France.
Les arbres filtrent l’air et interceptent une grande partie de la pollution grâce aux échanges gazeux de leurs feuilles. Une étude réalisée en Allemagne montre que, plantés le long des routes, ils permettent de réduire le nombre d’accidents grâce à une meilleure appréciation de la vitesse par le conducteur en les voyant défiler et à l’impression d’espace clos qu’ils provoquent. L’ombrage permet aussi de réduire l’inconfort du conducteur et donc son inattention.
Quels intérêts pour la biodiversité ?
Plus un arbre grandit, plus il devient intéressant pour la biodiversité et efficace pour la dépollution. En effet, les branches s’allongent et peuvent recevoir plus d’animaux, des cavités se forment dans le tronc et peuvent également servir de gîte à d’autres animaux.
Un arbre met plusieurs dizaines d’années à atteindre ce niveau de développement, parfois même plusieurs siècles. Alors cessons de les abattre sans réfléchir.
Les cavités servent de refuge à des quantités d’animaux menacés et utiles.
Les feuilles plus nombreuses hébergent une faune importante qui servira de nourriture à des chauves-souris, des rapaces et d’autres prédateurs. Un arbre est donc un écosystème à lui tout seul où chaque niveau va recevoir une faune différente. Il permet même aux chauves-souris de se repérer et de se ravitailler lors de leurs déplacements entre leur dortoir et leur terrain de chasse (info : une seule chauve-souris peut manger plus de 15 000 moustiques en une nuit, alors protégeons-les !). Les abattages excessifs d’arbres peuvent provoquer une hécatombe de chauves-souris, lesquelles n’ont dans la plupart des cas qu’un seul petit par an.
P.S : Pour ceux qui seraient sceptiques quant à l’efficacité des prédateurs sur la limitation des moustiques, je vous conseille d’aller faire un tour dans le marais Poitevin, il est possible de le visiter sans recevoir une seule piqûre. L’écosystème étant particulièrement préservé. Les arbres ne sont-ils pas dangereux en cas de violentes rafales ?
Il est vrai que les chutes d’arbres font des victimes chaque année, mais leur nombre est très inférieur à celui des morts provoquées par les canicules ou la pollution. De plus, la plupart de ces décès sont dus à des imprudences évitables. En effet, il est toujours fortement déconseillé de se promener sous les arbres en cas de tempête. Et les arbres sont loin d’être les seuls éléments à pouvoir chuter avec le vent, il y a les panneaux publicitaires, les tuiles, les volets, les objets divers…
Quelles essences choisir ?
Plus un arbre est développé, plus il est efficace pour la dépollution. Il faut donc choisir les essences de grande taille le long des grandes rues à forte circulation de véhicules. Sur les parkings ou dans les petites rues entre les lotissements, des essences plus petites peuvent être plantées. Cependant évitons les espèces étrangères comme le ginko, le cerisier du Japon, ou le magnolia. Ces arbres n’ayant pas évolués avec notre faune, ils lui sont inutiles voire nuisible.
Le ginko (à gauche) ne s’intègre pas à notre écosystème. Les cerisiers du japon (à droite) non plus, ne produisent pas de fruits et sont trop petits pour l’ombrage et la dépollution.
On évitera aussi les conifères, moins intéressants pour la biodiversité et plutôt réservés aux zones montagneuses ou arides. Et enfin, pour que la dépollution soit correcte, il faut que les arbres forment une canopée (sorte de toit végétal) au-dessus de la route. Les arbres aux branches verticales comme le peuplier d’Italie sont donc à éviter.
Peuplier d’Italie.
Pour résumer, sur les grandes routes on peut mettre :
Platane, tilleul, chêne, marronnier, frêne…
Sur les parkings et les petites routes :
Fruitiers divers, érables, saules…
Important : pour certaines essences, vérifier qu’il s’agit bien d’espèces locales. Par exemple pour le chêne, toujours choisir le chêne pédonculé. Le chêne vert par contre est un arbre méditerranéen beaucoup plus petit et non adapté à notre climat. Quant au chêne rouge, c’est un arbre américain pouvant être envahissant et dont les feuilles, à la décomposition plus lente, peuvent étouffer la flore du sol.
Comment les entretenir ? Avant tout, éviter les élagages trop sévères. Les branches coupées doivent toujours faire moins de 5 centimètres de diamètre. Une branche plus grosse coupée risquerait de favoriser des maladies et des champignons fatals pour l’arbre. De plus ce genre d’élagage augmente les risques de branches mortes et de chutes dangereuses.
Le pied de l’arbre doit aussi être entouré d’herbe, même si ce n’est qu’une petite parcelle. Cela permet d’aérer le sol et de laisser les racines respirer. Faute de quoi, le pourrissement pourrait s’installer et l’arbre mourir. Quels sont les avantages économiques de tels arbres ?
Comme pour les haies, les chutes d’élagage permettent de produire du bois de chauffage ou des granulés pour chaudière à biomasse, participant ainsi à l’indépendance et à la transition énergétique de la ville. Les feuilles mortes sont également de la biomasse à récupérer. Si elles ont moins de valeur comme combustible, elles peuvent produire du biogaz.
De plus, les arbres sont aussi un patrimoine à préserver. Un simple platane de 150 ans à Saint-Guilhem-le-Désert dans l’Hérault, est photographié par les visiteurs comme la tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, car sa taille impressionnante et sa rareté en font un monument remarquable.